Δευτέρα 20 Δεκεμβρίου 2010

Sofia et la diplomatie du berger karakatchan


le monde

La question, quasi réthorique, revient pratiquement tous les jours dans les milieux diplomatiques, surtout depuis la récente visite de Vladimir Poutine à Sofia. Quelle est la véritable position du gouvernement bulgare sur le projet de construction d’une deuxième centrale nucléaire à Béléné, sur les bords du Danube ? Ce chantier pharaonique, estimé à l’époque à quatre milliards d’euros, avait été confié par le précédent gouvernement du socialiste Sergueï Stanichev aux Russes d’Atomstroïexport, une filiale du consortium d’Etat Rosatom. Les investisseurs européens se sont, depuis, rétractés ; les écologistes n’ont pas cessé d’alerter l’opinion publique sur les dangers que représente cette nouvelle centrale sans parler de ceux qui en Bulgarie considèrent que ce projet scelle définitivement la dépendance énergétique de Sofia vis-à-vis de son ancienne puissance tutélaire. Les ministres du gouvernement de Boïko Borissov, y compris lui-même, ont multiplié depuis leur arrivée au pouvoir les déclarations contradictoires, soufflant le chaud et le froid, jusqu’à l’arrivée de Vladimir Poutine à Sofia, il y a une dizaine de jours, lorsque les négociations ont officiellement repris. Sur le prix d’abord, les Russes exigeant désormais au moins deux milliards de plus. Côté bulgare, même si les autorités affirment, parfois, que le pays peut se passer d’une nouvelle centrale (l’ancienne, celle de Kozlodouï leur a causé pas mal d’ennuis avec Bruxelles), les autorités ne disposent en fait que de très peu de marge de manœuvre. Si le projet s’arrête net - à ce jour, selon les dires du Premier ministre lui-même, le chantier de Béléné n’est qu’une “gigantesque marre d’eau” - Sofia en aura pour un milliard d’euros de perte sèche. Et pas de nouvelle centrale, alors que la Bulgarie s’est souvent rêvée en puissance énergétique régionale.
C’est là que Boïko Borissov a sorti son joker diplomatique : le chien. Un chiot pour commencer, qu’il a offert au Premier ministre russe devant les caméras. Bingo, la photo d’un Vladimir Poutine attendri avec, dans ses bras, cette grosse boule de poils, a fait le tour du monde. Le sort de ce jeune chien d’une race locale, appelée berger karakatchan, issu du chénil personnel du chef de gouvernement bulgare n’a pas cessé d’occuper les esprits depuis. A-t-il bien supporté le voyage ? Va-t-il s’adapter au train de vie moscovite du Premier ministre ? Sachant qu’il devra certainement partager sa résidence avec la déjà très célèbre chienne de l’homme fort de Russie, le labrador Connie, sans parler des deux caniches (plutôt caractériels et quelque peu hautains), de madame Poutine… Son sort est devenu presque une cause nationale depuis que l’équipe chargée de la com’ de Vladimir Poutine a lancé, via le site du Premier ministre, un appel à la population russe pour qu’elle choisisse, par vote électronique, le prénom du chiot. Ainsi, aux dernières nouvelles, celui qui s’appelait Yorgo en quittant son chenil sofiote répond désormais au prénom de Balkan. Eh oui, c’est ça la démocratie, les Russes ont choisi. Et ils ont été plutôt sympas avec les Bulgares. A commencer par son nouveau propriétaire qui serait tombé littéralement sous le charme de cette race de bergers.
Ces nouvelles - qui relèvent peut-être du wishfull thinking que de la réalité vraie… - ont redonné des ailes aux Bulgares dans les négociations difficiles sur le prix de la centrale. Ils n’ont pas hésité alors a abattre leur deuxième joker : la chienne Yantra. De la même race, ce chien portant le nom d’une rivière bulgare sera l’envoyée spéciale de Sofia à la grande éxposition canine de Moscou, le 12 décembre. Un voyage sans billet retour à en croire la presse de Sofia, dont au moins un quotidien a fait sa Une là-dessus : Yantra est destinée à rejoindre le chenil de Vladimir Poutine où elle donnerait le début d’une lignée de bergers karakatchan en Russie. En attendant, des collègues bulgares ont retrouvé ses ancêtres en Bulgarie dont les racines remontent jusque dans l’élevage d’un passionné de Montana, au nord du pays.
La reconnaissance internationale de cette race est une obsession de Boïko Borissov et, à défaut d’autre chose, il est sur le point de réussir son coup. Directeur de la police sous le Premier ministre Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha, il avait réussi à convaincre l’héritier du trône bulgare à populariser sur la scène internationale ces bergers réputés fidèles et dévoués à leur propriétaire. Le roi d’Espagne, la propre fille de Siméon, ainsi que d’autres personnalités bulgares ou étrangères se sont ainsi vues offrir comme gage d’amitié un berger karakachan. “Il vient de mon propre chenil”, leur dit souvent Borissov qui a ainsi scellé par le passé pas mal d’alliance stratégiques, à commencer par celle avec Georges W. Bush en 2006. Après la diplomatie du panda , la petite Bulgarie tiraillée entre Est et Ouest, serait-elle en train d’inventer celle du berger karakachan ? De passage à Sofia la semaine dernière, le président grec Carolos Papoulias a formulé le désir d’en posséder un, au plus vite. En revanche, le chiot destiné à Barack Obama n’a finalement pas trouvé preneur outre-Atlantique, la famille du nouveau président américain ayant finalement opté pour un chien d’eau portugais. Une sorte de caniche, loin, très loin - pour ne pas dire autre chose -, du gabarit des redoutables karakatchans bulgares…

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