le monde
04 novembre 2010
C’est la coquette somme offerte le 28 octobre dernier par le gouvernement serbe pour toute information qui pourrait mener à l’arrestation de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, inculpé pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité et recherché depuis quinze ans par la justice internationale. Le jeu en vaut certes la chandelle. Trois jours auparavant, le conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne a décidé de transmettre pour avis à la Commission européenne le dossier de la candidature serbe, déposé en décembre 2009.
Cette étape importante, franchie par la Serbie après des mois de blocage, est intervenue en récompense du récent et notable rapprochement entamé avec le Kosovo. Mais la décision des 27 a été assortie d’une condition préalable : une “pleine coopération” avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et l’intensification des efforts visant à arrêter les deux derniers accusés encore en fuite : Ratko Mladic et Goran Hadzic, ancien président de la République autoproclamée des Serbes de Krajina (Croatie).
Cité par l’agence Beta, le vice-procureur serbe chargé des crimes de guerre, Bruno Vekaric, a estimé que l’augmentation spectaculaire de la récompense offerte par Belgrade dans la traque du fugitif le plus recherché d’Europe exprimait “une volonté politique manifeste de la Serbie à supprimer le dernier obstacle sur sa route vers l’Union européenne”.
Une volonté que les Pays-Bas ont longtemps mis en doute, ce qui explique notamment qu’un pas aussi “technique” que celui de confier à la Commission européenne le soin d’étudier la candidature de la Serbie à l’Union européenne n’ait pu aboutir qu’après d’intenses tractations diplomatiques. Pour surmonter les réticences néerlandaises, les ministres européens ont ainsi stipulé qu’à chaque étape du processus d’adhésion l’UE devra “décider de manière unanime qu’il y a pleine coopération” de la Serbie avec le tribunal de La Haye. “La preuve la plus convaincante” en serait l’arrestation des fugitifs Mladic et Hadzic, souligne le texte adopté.
Depuis cette décision, la traque de l’ancien général yougoslave, fortement soupçonné de se cacher en Serbie, voire à Belgrade même, s’est accélérée. Mardi 2 novembre, la police serbe a effectué trois perquisitions dans un restaurant et une maison privée à Belgrade, ainsi que dans un village touristique près de la ville d’Arandjelovac, située à 75 km au sud de la capitale serbe. Le Tribunal serbe pour les crimes de guerre avait annoncé l’opération un peu plus tôt, précisant qu’il s’agissait de trois lieux ayant un rapport avec des personnes soupçonnées d’être proches de Ratko Mladic. Au cours de l’opération, les policiers ont également interpellé un individu dont l’identité n’a pas été communiquée, mais qui pourrait être Goran Radivojevic, le propriétaire du restaurant et du village perquisitionnés.
Selon Le Courrier des Balkans, cette “démonstration de force” est intervenue à quelques semaines de la venue à Belgrade de Serge Brammertz, le Procureur du TPIY, qui doit présenter en décembre prochain son rapport devant le Conseil de Sécurité de l’ONU sur l’état de la coopération de la Serbie avec le tribunal.
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